Lundi 28 Août 2006
Cizur Menor — Cirauqui 28 km
La nuit fut excellente. Je pars, il est à peine 6h45 ; les gens dorment et nous, nous sommes déjà en route sur ce chemin qui ce matin, nous conduira vers la crête de la montagne qui nous fait face. Les éoliennes aperçues la veille, tels des soldats postés au sommet, nous regardent passer. Leur bruit est impressionnant. Ces "molinos" comme on les appelle ici, ne sont pas sans rappeler les moulins de Don Quichotte...
Arrivé au sommet, le vent me glace, alors que je suis accueilli par une sculpture en fer forgé représentant des pèlerins d'un autre âge. Je m'arrête quelques instants et je fais la connaissance de Carlos, un Espagnol qui ne parle pas un seul mot de Français. 
La descente sur Puenta la reina est interminable et très pénible : les pierres ont tellement été foulées par des milliers de pèlerins qu'elles sont devenues des galets. Cet endroit porte le nom de "Sierra del pérdon"... tout un programme ! 
Je retrouve ici les essences de ma garrigue : les oliviers, l'aneth, les figuiers, les amandiers... paradoxalement je me sens ici chez moi.
Puenta la reina est la ville où se réunissent les chemins du Puy et d'Arles ; désormais, il n'y a plus qu'un seul chemin : le "Camino Francés".
Une fois enjambé le fameux pont pour lequel la ville est réputée, je me décide à continuer plus en avant vers Cirauqui à plus de 7 km de là. Mes pieds me font souffrir et je ne manque pas de me demander pourquoi à chaque périple quelque chose entrave ma route... je n'ai pas trop le moral, d'autant qu'en marchant mal à cause des ampoules, je risque de faire apparaître d'autres douleurs. J'ai très peur que tout ceci ne finisse par m'arrêter. Mieux vaut ne pas y penser...
Juste après Puenta la reina, je dépasse un pèlerin dont le sac à dos s'est subitement mis à pencher. J'ai beaucoup de peine pour lui et je l'aide à régler son sac. Cela semble fonctionner. Ce geste anodin suffit à me redonner le moral et je vole jusqu'à Maneru ; il suffit parfois de peu de choses...
La traversée de ce village restera à n'en pas douter un moment très fort. Je me remémore alors les épisodes de Zorro, avec ses villages paisibles et sans bruit, presque sans vie. On dirait qu'à mon arrivée, les habitants ont été prévenus et qu'ils se sont retranchés derrière leurs volets clos : je sais qu'ils sont là, j'ai l'impression d'être épié... la sensation est étrange.
Arrivée à Cirauqui. L'accueil est très bon et le gîte mérite vraiment le détour. L'hospitalera me prodigue des soins, m'apprend l'art de vider les ampoules et d'y injecter de la bétadine*... je ne pensais pas un jour devoir faire cela. Je me suis donc procurer tout le nécessaire auprès de la pharmacienne du village très rompues à ces pratiques, elle ! 
Je dois aussi dire, que je l'ai faite beaucoup rire quand je lui ai demandé des "compressas"... (les hispanophones comprendront ! ).